Les fondements de la position des Alternatifs sur le conflit israélo-palestinien sont à rechercher dans l’histoire de notre mouvement, héritier du Parti Socialiste Unifié (PSU). Le PSU a été fondé en 1960 sur une ligne socialiste autogestionnaire et anticolonialiste, en opposition aux dérives de la social-démocratie (incarnée à l’époque par la SFIO), en particulier sur la question de l’indépendance algérienne.
Le PSU a toujours considéré que la légitimité de l’Etat israélien était incontestable. Au début des années 60, Israël est perçu par la majorité du PSU comme un petit pays socialisant, menacé de destruction par son environnement arabe hostile. Mais très vite, cette perception va se modifier :
– attrait pour le panarabisme révolutionnaire (Egypte nassérienne, Baas syrien…)
– inquiétude sur l’évolution d’Israël, aussi bien au plan intérieur (régression des aspects socialisants au profit d’une approche libérale) qu’extérieur (critique de la volonté israélienne d’acquérir l’arme atomique et de son refus de solutionner le problème judéo arabe).
Le cinquième congrès du PSU, qui se tient peu après la guerre des six jours, marque un tournant stratégique du PSU : « le règlement global… ne peut reposer que sur la reconnaissance simultanée des droits et des aspirations du peuple israélien et du peuple arabe de Palestine, sur l’indépendance des Etats du Moyen Orient, sur le développement des forces socialistes et l’éviction des intérêts impérialistes étrangers de ces Etats ». Peu après (décembre 1967), le PSU se prononce pour la création d’un « Etat indépendant » pour les Palestiniens et considère que l’occupation de la Cisjordanie et de la Bande de Gaza est le principal obstacle à la paix, cette politique israélienne justifiant le droit du peuple palestinien à la lutte armée.
En 1969, le PSU adopte une résolution qui reconnaît la légitimité nationale de l’OLP (c’est le premier parti français à le faire) et s’engage dans le soutien à la résistance palestinienne, « partie intégrante de la lutte anti-impérialiste ». Développant d’abord des relations avec le Fatah, il établit ensuite un rapport privilégié avec le FPDLP, dont il est beaucoup plus proche idéologiquement. Le PSU adhère à l’idée de la constitution – à terme – d’un Etat binational, démocratique, laïque et socialiste. En attendant cet état binational hypothétique, le PSU reste favorable à la création d’un Etat palestinien sur les Territoires occupés de 1967 (cf. résolution de novembre 1975). Cette résolution (cf. annexe) restera la position de fond du PSU jusqu’à son autodissolution en 1990. Les Alternatifs la considèrent encore aujourd’hui comme valide sur le fond, même si des nuances doivent être apportées, en fonction notamment de l’évolution ultérieure (accords d’Oslo, seconde intifada…)
En 1977-78, le PSU se montre très critique sur le voyage de Sadate à Jérusalem et sur les accords de Camp David établissant une paix séparée entre l’Egypte et Israël, sans mentionner la question palestinienne, estimant – à juste titre – que ces accords ne pourraient pas apporter la paix au Proche-Orient. En 1982, le PSU condamne l’invasion israélienne au Liban.
Entre l’autodissolution du PSU (1990) et création des Alternatifs (29-03-1998) les militants de la mouvance socialiste autogestionnaire regroupés dans diverses organisations plus ou moins éphémères (Nouvelle Gauche, Alternative Rouge et Verte) continuent leur soutien à la cause palestinienne. Ils sont favorables aux accords d’Oslo, mais en font une lecture critique et en dénoncent les insuffisances.